Brigitte, notre guerrière aux longues oreilles s’est éteinte.
Brigitte, notre guerrière aux longues oreilles s’est éteinte.
Bientôt 34 ans, et elle aura gardé sa force de vivre jusqu’à la dernière seconde….
Dotée d’un fort, plutôt d’un très fort caractère, Brigitte choisissait les personnes par qui elle acceptait de se faire brosser ou soigner. L’obliger ? C’était à vos risques et périls.
Elle a réussi au fur et à mesure des mois et des années à faire sa place, et toujours faire comme elle voulait. Tout d’abord elle a choisi sa ponette de vie, Tawana, elle la suivait de la même façon qu’un poisson pilote, et il était bien claire que personne ne pourrait lui enlever sa Tawana, d’où les quelques activités de Tawana ont été mise en suspens. Ensuite, elle a choisi un bipède, Dörte a eu le privilège d’être choisie. Au point d’entendre sa voiture, et de passer les clôtures pour gagner quelques secondes pour la rejoindre.
D’une santé de fer, Brigitte avait une tolérance à la douleur incroyable. En 2017, elle se casse la pointe du coude, au vu de son tempérament, nous tentons tout de même l’opération au Tierspital de Zurich. Plaque posée, retour au Refuge, Brigitte est repartie comme neuve.
Mais en juin, elle fait une obstruction de l’œsophage. Malgré les rations mouillées, car Brigitte n’a bientôt plus de dents, un bout de carotte mal râpé passe de travers. Véto, sonde, un grand moment pour lui faire passer ce bouchon. Même sédatée, Brigitte montre sa douceur « légendaire »…heureusement que sa petite taille nous permet de la « gérer ». Le bouchon passera mais l’irritation de la sonde compliquera son alimentation…des cures de miel aideront et seront appréciées au vu de son engouement à prendre les seringues dans la bouche.
Depuis cet épisode, Brigitte a comme perdu la tête, elle a des réactions curieuses, que nous pourrons comparer à de la sénilité. Nous devons être plus vigilant, et la tenir pour la mettre au parc, il lui arrive de partir dans le sens opposé sans comprendre pourquoi… Par moment elle vient à se cogner dans les séparations du box, comme si elle avait perdu la vue…
Depuis 10 jours, une douleur au postérieur nous interpelle. Pas de diagnostic clair, nous la mettons sous anti inflammatoire par voie orale, pas de mieux. Nous tentons un anti-inflammatoire par intra musculaire, rien de concret et malheureusement la situation continue de s’aggraver. Brigitte se soulage d’un membre à l’autre, elle est prostrée, passe de long moment couchée, se met dans un coin du box…ne bouge plus. Elle refait régulièrement des bouchons de l’œsophage, son alimentation ressort par le nez par moment…
Nous faisons le constat que sa qualité de vie a nettement diminué en 6 mois, que malgré son tempérament de guerrière, Brigitte souffre sérieusement depuis 10 jours, que rien n’y fait, et que nous ne sommes pas à l’abri d’un accident au vu de ses réactions incontrôlées. Alors qu’attendons-nous ?
Et bien rien, justement. Nous prenons notre courage à deux main pour composer le numéro du vétérinaire et être tous présent, humains et chevaux pour l’accompagner….
Une ambiance particulière règne au Refuge à ce moment….sans mots, sans larmes, le vétérinaire nous conforte dans notre choix…il fera ça en 3 injections…la première pour la calmer, la seconde pour la coucher, et la 3ème qui elle arrêtera la cœur. Et c’est seulement à ce moment-là, lorsque le vétérinaire confirme « c’est fini » que les larmes coulent sur les joues de chacun...un grand silence suivit des nombreuses anecdotes nous conforterons que Brigitte était une guerrière, et qu’elle laissera un terrible vide dans le quotidien du Refuge….