Stage au sein du Refuge

Stage au sein du Refuge et témoignage
Une année excpetionnelle avec cette pandémie qui a ralentit les admissions de stagiaires mais rattrapée avec la rentrée scolaire. Une grosse quinzaine d'ados viendront sur cette fin d'année rejoindre notre équipe. Ces journées ou semaine de stage sont une excellente manière de découvrir les metiers extérieurs liés aux animaux, mais également de prendre conscience des concessions nécessaire pour travailler dans le milieu équestre.
Nous avons reçu le témoignage d'Elena, 12 ans après son passage au Refuge. Un témoignage mettant en avant le fait que d'orienter la jeunesse est aussi une façon d’assurer un avenir plus certains aux équidés car quoi qu’on en dise l’argent reste le nerf de la guerre.
 
Témoignage d'Elena, 25 ans
Quand j’étais plus jeune, je voulais absolument travailler dans le monde du cheval. Pour la simple raison que je suis tombée en amour et en admiration pour ces animaux incroyables, dotés d’une puissance impressionnante à pouvoir faire peur, et d’une gentillesse incommensurable à la fois. Ils sont dotés d’une telle grâce avec leurs allures dansantes, que lorsqu’ils sont devant nous, toute notre attention est dirigée vers eux, au point de nous faire oublier l’espace temps et ses problématiques. Ils regroupent un grand nombre de races aux caractéristiques diverses et variées, et avec elles une histoire, des cultures, des pratiques, des états d’esprits qui représentent une grande richesse, un héritage à perpétuer.
Pour moi c’était ça le cheval : un mélange de sentiments, rythmé entre amour, passion, dépassement de soi, sens des responsabilités, adrénaline, un échappatoire au quotidien.
Mes parents m’ont toujours encouragée à choisir un métier qui me plaît, tout en me mettant en garde, à savoir que le monde du cheval est dur, qu’il est très difficile d’en vivre, c’est un investissement personnel conséquent, avec une amplitude horaire importante (la journée commence très tôt et finit tard), par n’importe quelle météo. Qu’il faut se démarquer pour se faire une place, avec du caractère pour supporter ce monde rustre, dans lequel règnent argent, hypocrisie, cheval objet, manque de reconnaissance, etc.
J’entendais leurs mots, et je me disais que tous les métiers ont leurs avantages et leurs inconvénients. Je restais donc avec cette idée en tête : travailler plus tard dans le monde équestre.
Pendant mes vacances scolaires, j’ai fait un camp d’été au refuge de Darwin, durant lequel j’ai fait la rencontre d’Anouk Thibaud, la directrice de cette association. Elle m’a ouvert les yeux en me disant « Tu as la chance d’avoir le choix. Ne travailles pas dans le milieu du cheval. C’est tellement difficile. Ce que je te conseille, c’est que ça reste une passion. Choisis un métier que tu aimes aussi, mais avec lequel tu auras la possibilité de bien gagner ta vie. Cela te permettra d’avoir ton propre cheval et d’exploiter au maximum ce que tu aimes faire durant ton temps libre ».
Je la remercie pour ses mots qui m’ont marqués. Ils m’ont permis aujourd’hui d’avoir un poste avec une situation financière stable et suffisante pour avoir pu m’offrir ma première jument à mes 25 ans, Fara, une ibérique de deux ans. J’ai la chance de vivre plein d’expériences incroyables, à savoir un débourrage par mes soins, une belle complicité, des stages et des voyages avec elle, des rencontres avec plein d’hommes et de femmes de chevaux, une évolution à deux. Et bientôt une nouvelle arrivante au printemps 2021, Khaleesi, une Appaloosa d’un an. C’est mon bonheur. Et elles ont un impact très bénéfique dans ma vie, car on a toujours à apprendre sur soi face aux chevaux. Ils sont notre reflet, et pas toujours celui qu’on a envie de voir. Ils nous offrent la possibilité de se remettre en question, et cela aide à grandir et à percevoir la vie autrement.
Le monde du cheval offre plein de beaux métiers, et beaucoup de personnes trouvent leurs épanouissements en choisissant cette voie. La tentation fait toujours partie de moi, elle n’a pas disparue. Mais pour ma part, je suis tout de même heureuse d’avoir actuellement gardé cette passion en tant que passion et non en tant que métier, car je pense vivre les choses sous un autre angle.
Dans un métier équestre, on est tenue par des obligations, des horaires, des rendements, des résultats, répondre à des prestations, être disponible pour la clientèle, la satisfaire, l’écouter, s’occuper et monter les chevaux des autres en priorité. Mettre ses propres objectifs entre parenthèses et nos propres chevaux passent après, quand on a encore le temps et la motivation.
Dans mon quotidien, je vis ma journée de travail qui est dans un autre univers que celui du cheval, et quand je rentre, je peux profiter de ma passion qui fait office de changement d’air et d’univers. Le métier que j’ai choisi est bien évidement un domaine qui me passionne également. Mais je pense qu’on ne ressent pas la même intensité de plaisir quand on fait la même chose pendant ses heures de travail et aussi pendant son temps libre.
Peut être qu’un inconvénient, à faire deux choses différentes, serait qu’on ne devient pas autant spécialisé ou performant qu’on le voudrait. Et quoi que... La détermination entre également en compte.
Voilà. Ceci était le partage d’une expérience. Rien n’est figé. On ne sait pas de quoi sera fait demain, ni quels seront nos états d’âmes, nos déceptions, nos frustrations, nos rêves, nos envies ou nos opportunités. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix. Il y a seulement des décisions à prendre, qui permettront d’enlever des doutes pour laisser place à des certitudes. Et ces décisions sont importantes pour mieux se connaître, et accueillir le bonheur qui nous est propre à chacun.
C’est un parcours qui sera rempli d’obstacles... mais en tant que cavaliers, les obstacles, on a l’habitude de les franchir... alors en avant !
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